Coût de la Guerre en Irak
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30.11.04


Sécurité Sociale
George Bush souhaite remanier en profondeur son équipe économique dans la perspective de son projet de privatisation du système de sécurité sociale et de la réforme du code fiscal. Sur les cinq personnes qui composent cette équipe, quatre vont quitter le gouvernement, dont Donald Evans, le Secrétaire au Commerce, ainsi que John Snow, Secrétaire du Trésor (Finances).


25.11.04

Fin (économique) du Monde
Stephen Roach, économiste en chef chez Morgan Stanley, prédit un armageddon économique outre-atlantique. De réputation pessimiste, ce spécialiste respecté a surpris récemment lors d'une rencontre privée avec un parterre de gestionnaires de fonds: ses propos sur l'état de l'économie américaine ont été simplement alarmistes.

M. Roach donne 1 chance sur 10 aux Etats-Unis d'éviter un
"armageddon" économique. Son raisonnement?

La vertigineuse croissance du déficit commercial américain va continuer de pousser le dollar vers le bas. Pour continuer à attirer les investisseurs étrangers (qui achètent beaucoup de Bonds du Trésor, ndlr), la Réserve Fédérale va devoir augmenter les taux d'intérêts plus vite et plus haut qu'elle ne le souhaite. En conséquence de quoi les consommateurs américains vont se retrouver dans une situation difficile.

Le gouvernement américain, pour financer la dette publique, doit emprunter 2,6 Mds USD chaque jour. Un somme qui représente 80% de l'épargne nette mondiale.
Difficilement soutenable, selon M. Roach.

En vingt ans, le montant total de l'emprunt des ménages est passé de 50% du PIB à 85% aujourd'hui. Or, la moitié des emprunts immobiliers actuels est basée sur des taux d'intérêts variables, ce qui expose substantiellement les consommateurs à une montée des taux d'intérêts. Et ceux-ci dépensent une part grandissante de leur revenu disponible en remboursement d'emprunts et de cartes de crédits, rédiuisant leurs marges de manoeuvre.



Evolution
Selon un récent sondage Gallup, seul un tiers des Américains pense que la théorie de Darwin sur l'évolution est une théorie scientifique prouvée. Un autre tiers pense que cette théorie n'est qu'une parmis d'autres et n'a jamais été prouvée scientifiquement. Le dernier tiers n' a pas d'avis sur la question.

Egalement intéressant, 45% des Américains croient que Dieu a créé l'homme il y a 10 000 ans à peu près tel qu'il est aujourd'hui. Un tiers se disent litéralistes biblicaux et pensent que la Bible est vraiment vraiment la parole de Dieu et que ses enseignements doivent être suivis à la lettre.

A ce propos, quelques passages du fameux Livre:
- Leviticus 25:44: vous pouvez posséder des esclaves. Cool...
- Exodus 21:17: quiconque insulte son père sera mis à mort: Pas cool...
- Leviticus 15:19: les femmes menstruées doivent se cacher pendant 7 jours: Pas cool (pour elles)...
- Proverbes 23:21: interdit de boire du vin: Pas cool...
- Proverbes 23: le vin c'est très bien: Cool...

22.11.04


Un autre Maître de l'Unvers qui a mis de l'ordre dans ses priorités
et dont le pouvoir d'achat à chuté de 30% depuis 2001.
(le logo du bas est celui de la National Rifle Association, une grande réunion de gens tolérants, ndlr)


Maître de l'Univers 2...


Maître de l'Univers...

Maîtres de l'Univers
David Gergen, ancien conseiller des présidents Nixon, Ford, Reagan, et Clinton, directeur du Centre de Leadership Public et professeur à Harvard, nous donne sa vision de la deuxième administration Bush.

Reconnaissons lui son mérite: George Bush se révèle comme l'un des présidents les plus hardis et audacieux de l'histoire moderne.

Qu'il soit également sage est une question qui va nous préoccuper pendant les quatre prochaines années. Cependant, la dernière réorganisation de son équipe est une claire indication qu'il a l'intention de pousser les pouvoirs de l'executif aussi loin que cela est possible.

George Bush croit qu'il a obtenu un mandat de changement révolutionnaire. Il est le premier président conservateur dont la politique va défaire de grands programmes comme la Sécurité Sociale (le système de retraite par répartition, ndlr) et la fiscalité progressive. Il est de plus en plus évident que M. Bush prend pour sien le point de vue de Winston Churchill: que les grands leaders doivent se donner de grands objectifs. Le Président a apparemment pour ambition rien moins que de réformer le gouvernement, d'établir l'hégémonie à long terme du Parti Républicain sur la vie politique américaine, et d'assurer la domination à long terme de l'Amérique sur le monde.

Un danger plus immédiat qui menace M. Bush et sa troïka est celui qui est le piège dans lequel tombe beaucoup de présidents réélus: l'orgueuil. Quand un président et son équipe gagnent l'élection, ils pensent qu'ils sont rois du Monde; quand ils gagnent une deuxième fois, ils pensent trop souvent qu'ils sont maîtres de l'Univers.


21.11.04


Premier assaut sur de droit à l'avortement
Des membres de la Chambre des Représentants et du Sénat se sont mis d'accord pour inclure une provision légale "anti-avortement" dans un projet de loi de finance pour l'année 2005. Un développement qui pourrait être le premier signe de l'influence grandissante des conservateurs religieux qui ont joué un rôle crucial dans la victoire électorale républicaine.

Le texte interdirait aux agences (de gestion) fédérales, d'état ou locales, de suspendre tout financement public à une institution de soins qui refuserait de faire ou de financer des avortements, ou de donner des conseils sur l'avortement, ou des informations sur les autres institutions pratiquant les avortements.

19.11.04


Colère Bleue
Vous vous souvenez peut-être de la phrase de George Bush lors de la campagne de 2000: "Je suis un unificateur, pas un diviseur" ? L'Amérique est bel et bien divisée, et loin d'avoir obtenu un mandat national pour les quatre ans à venir, George Bush a plongé l'Amérique Bleue dans une colère noire. Et elle l'est d'autant plus que les faits et chiffres montre qu'elle est majoritaire, et qu'elle paye pour l'Amérique Rouge.

Selon un nouveau livre écrit par John Sperling, milliardaire libéral, intitulé "La Grande Séparation: l'Amérique Rétro contre l'Amérique Métro", les transferts fiscaux aux Etats-Unis sont à la défaveur de l'Amérique Bleue. Entre 1991 et 2001, les états "gagnants" (qui reçoivent plus de fonds fédéraux qu'ils ne paient en taxes), principalement rouges, ont reçu une contribution nette d'1 billion (mille milliards) de dollars. Les états "perdants" sont principalement bleus. Ainsi, la Californie, New York et l'Illinois ont chacun versé 250 milliards de dollars de plus qu'ils n'ont reçus de l'état fédéral. Le différentiel est essentiellement dû à une masse salariale sensiblement plus élevée dans l'Amérique Bleue, et aux subventions fédérales canalisées vers les secteurs agricoles, pétroliers et miniers, localisés dans l'Amérique Rouge.

Et les voies commencent à s'élever contre ce déséquilibre: non seulement les états rouges font élire leur champion, mais ils se font payés par nous pour ça! Ainsi Jonathan Taplin, de l'Université de Californie du Sud déclare: "Au final, les citoyens des états bleus ont le droit à un air pur, des voitures non-polluantes, de bonnes écoles, des entreprises honnêtes, et à une couverture maladie universelle." On peut renifler des idées de sécession (sans le sang versé) sous la surface.


Elections? Quelles élections?
Apparemment, l'idée d'organiser des élections en janvier en Irak ne survivra pas à la groznification (c-à-d destruction quasi-totale) de Falloujah. Selon The Guardian, les populations sunnites, horrifiées par la destruction de la ville, boycotteront massivement les élections. Objectif militaire en apparence atteint (1000 insurgés tués, mais combien se sont échappés?), objectif politique à l'eau.

Opium: en veux-tu? en voilà!
La surface de production d'opium a progressé de 64% cette année en Afghanistan, atteignant 131 000 hectares. Le poids de l'opium dans l'économie est de 60% désormais, le secteur mobilisant 10% de la population. Avec les élections, ceci est un véritable succès.

En Europe, on rêve de ces taux de croissance...

Hillary déjà en 2008
Hillary Clinton va se présenter pour un second mandat de sénateur de New York en 2006. Et ce malgré les conseils d'un grand nombre de Démocrates qui pensent qu'une campagne électorale pour le Sénat est incompatible avec l'obtention de l'investiture Démocrate pour l'élection présidentielle de 2008. En effet, la campagne présidentielle commençant essentiellement deux ans avant l'élection, Hillary Clinton, si réélue à son siège en 2006, devrait se lancer dans la compétition des primaires (qui décident de l'investiture, et prévues fin 2007) un mois après sa victoire sénatoriale. De plus, beaucoup craignent que les Républicains n'utilisent la campagne sénatoriale pour torpiller ses chances de candidat à la présidentielle.

We love Condoleeza
Le NY Times se penche sur la nomination de Condoleeza Rice au State Department. Bob Herbert, éditorialiste, ne la porte pas dans son coeur. Extraits:

La compétence n'a jamais été tenue en estime par les fantaisistes de l'administration Bush. Dans l'équipe Bush, pas plus que dans le gang moyen, la loyauté est essentielle. A la différence que cette administration est bien plus dangereuse qu'un gang, bien entendu. L'Histoire montrera que la foule d'incompétents du gouvernement Bush a apporté un énorme niveau de souffrance à un grand nombre de personnes. Le sang versé est jusqu'à maintenant est à rendre malade, et ce n'est pas fini.

Melle Rice fût le filtre par lequel un trop grand volume d'information erronées et tronquées fît son chemin jusqu'au Président. En Octobre 2003, celui-ci, frustré par les déboires irakiens, plaça Melle Rice à la tête du Groupe de Stabilisation de l'Irak, ce qui lui donna la responsabilité de superviser les efforts entrepris pour éteindre les violences et lancer la reconstruction du pays.

A en juger par les récents titres d'actualité, cela n'a pas produit les résultats escomptés.


18.11.04


Polit Buro à la George Bush
Excellent mémo du nouveau directeur de la CIA, Porter Goss, nommé à ce poste par George Bush avant les élections. M. Goss y définit la politique à suivre:

"En tant qu'employés de l'Agence (CIA, ndlr), nous ne nous identifions pas, ni ne soutenons ou favorisons toute opposition à l'administration ou à sa politique."

Le No. 2 de la CIA, John McLaughlin, a quant à lui démissioné, avec quatre autres hauts fonctionnaires de l'agence. Avec ça, les américains peuvent dormir sur leurs deux oreilles: ils sont sûrs que leurs espions sont bien au service de la sécurité nationale, et non pas subordonnés à la politique de l'administration. Et le scénario des informations tronquées (sur les ADM) pour soutenir la marche vers la guerre en Irak est loin de se reproduire...

Chirix chez les Bretons
"Je remarque qu'ils sont toujours très friands de nos fromages, nos chips, notre vin."
Jacques Chirac, à propos des touristes américains en France, à la presse anglaise, hier.

Le chef de l'Etat est en voyage officiel en Grande-Bretagne aujourd'hui pour clore les célébrations de l'Entente Cordiale entre nos deux pays.

17.11.04


Les Anglais pensent comme Chirac
L'appui rapproché qu'offre Tony Blair aux Etats-Unis est rejeté par une majorité d'Anglais, qui pensent qu'il est plus important d'avoir de bonnes relations avec les pays européens.
Un sondage commandé par The Independent indique que 64% des Anglais pensent qu'entretenir de bonnes relations avec les partenaires européens de la Grande Bretagne est plus important que d'avoir de telles relations avec les Etats-Unis. Seuls 25% pensent l'inverse.

Chirac caresse George dans le sens du poil
Selon David Ignatus du Washington Post, le gouvernement Bush s'est préparé à entérer la hache de guerre transatlantique depuis quelques mois, alors même que l'équipe électorale du président critiquait John Kerry à propos de son côté pro-français. Les français, malgré leur mécontentement concernant les propos injurieux faits à leur égard pendant la campagne, seraient prêt à relancer le dialogue. Le premier pas a été franchi la semaine dernière quand Jacques Chirac a appelé George Bush au téléphone. Le président français a énuméré une liste de secteurs où la coopération franco-américaine se déroule bien, comme la guerre anti-terroriste, l'Afghanistan, les Balkans et l'Afrique. Chirac a ensuite mentionné trois sujets où il souhaite une amélioration: l'Irak, l'Iran et le processus de paix au Moyen-Orient.

Mais casse Tony
Le titre du Times de Londres d'hier: "Chirac: Soutenir Bush ne vous a rien apporté"
Profitant d'une conférence de presse avec les médias anglais, Jacques Chirac a "cassé" Tony, qui venait de perdre un allié de taille à Washington en la personne de Colin Powell. Jacques Chirac s'est montré très sceptique quant au role que Tony Blair s'adjuge comme "pont" entre l'Europe et les Etats-Unis, affirmant qu'il ne pouvait y avoir d'impartialité de la part du Premier Ministre.

"Bon, l'Angleterre a apporté son soutien [à la guerre en Irak] mais je n'ai rien vu en retour. Je ne suis pas sûr qu'il soit dans la nature de nos amis américains actuels de renvoyer l'ascenceur systématiquement."

Sacré Jacques...

Béni-Oui-Oui
Josh Marshall (journaliste) note qu'avec Alberto Gonzales (conseiller juridique qui avait justifié l'usage de la torture, avec les conséquences que l'on connait) à la Justice et Rice au Département d'Etat, le fait marquant est le lien étroit qui les unit au Président, ainsi que leur grande loyauté et soumission à son égard. Aucun n'a de base politique en ville (Washington DC) ou d'envergure en dehors de cette connection présidentielle. Par ces nominations, le Président place le Département d'Etat et la Justice sous son contrôle direct, comme beaucoup le sont à la Maison Blanche. Et avec un brin de cynisme, Josh Marshall rajoute que c'est un bien car s'il est une chose dont le Président à besoin c'est bien une bande de béni-oui-oui.

Condoleeza Rice Top Diplomate
Condoleeza Rice est nommée Secretary of State (Affaires Etrangères) en remplacement de Colin Powell. La très "faucon" (hawkish) Conseillère à la Sécurité Nationale, qui convoitait ce poste depuis quelques temps, prend donc les rennes de la diplomatie américaine. On peut y voir les premiers efforts d'un président qui, fort de sa victoire, désire une administration plus cohérente et plus unie derrière sa ligne politique.

Pour le New York Times,
le plus inquiètant à propos de Mme Rice n'est pas le fait qu'elle rende le Président plus à l'aise, ayant sa totale confiance. C'est le fait qu'en tant que Conseillère pour la Sécurité Nationale, elle semblait lui dire ce qu'il avait envie d'entendre à propos de décisions qu'il avait déjà prises, plutôt que de lui donner les informations nécessaires pour produire de bonnes décisions.

16.11.04


"Je ne lis pas cette merde!"
- Colin Powell, à propos du rapport de la CIA sur les ADM irakiennes, avant de le présenter au Conseil de Sécurité, février 2003.

Colin Powell a démissionné de son poste de Secrétaire d'Etat (Affaires Etrangères) hier. La seule "colombe" (qui est favorable à une politique multilatéraliste, plus appuyée sur la diplomatie, les négociations internationales, etc.) d'envergure de l'équipe Bush 1 quitte donc le gouvernement, laissant entrevoir ligne politique plus à droite, plus radicale de Bush 2. Condoleeza Rice, Conseillère à la Sécurité Nationale, est présentie à ce poste.


L'avenir est bleu...


Bleu, bleu, bleu


L'Amérique Bleu est désolée.

15.11.04

Un éditorial de Frank Rich dans le New York Times, édifiant sur la véritable nature de la guerre culturelle aux US. A lire absolument.

L’histoire selon laquelle le pays a viré à droite à propos des thèmes culturels en 2004 me pose un seul problème. Comme beaucoup d’histoires qui trouvent preneur dans la pensée conventionnelle de nos médias, c’est de la fiction. En tous points, les derniers résultats électoraux pointent vers une inévitable réalité : malgré la défaite de John Kerry, c’est l’Amérique bleue, et non la rouge, qui est inexorablement en train de gagner la guerre culturelle, et ce haut la main. Les électeurs qui ont soutenu John Kerry et qui se flagellent depuis le 2 novembre avec une intensité digne de « La Passion du Christ » devraient se relever et sortir le champagne.

L’ascendance de la culture bleue est aussi nette chez les Républicains que chez les Démocrates.

Si quelqu’un se frotte les mains en cette année électorale, c’est bien le maître incontesté de l’élite culturelle rouge, Rupert Murdoch (PDG de News Corp., holding de Fox News, ndlr). Fox News est un centre de profit en pleine croissance au sein de la galaxie News Corp., et chaque dollar gagné dans les états rouges peut-être réinvesti dans le reste de la grille de programmes de Fox, en l’occurence très bleue. L’ écurie culturelle Murdoch comprend de récents titres comme « Comment Faire l’Amour Comme une Star du Porno » de Jemma Jameson et comme « Comment Avoir une Vie Sexuelle XXX » de Vivid Girls.

Un dernier sondage ABC fait deux semaines avant les élections montre que plus de républicains « apprécient beaucoup le sexe » que de démocrates. Le héro du camp démocrate, le sénateur-élu de l’Illinois Barack Obama (premier noir élu au Sénat, ndlr), fût assuré de la victoire quand son très ostentatoirement pieux adversaire, le républicain Jack Ryan, s’est retiré de la course plutôt que défendre son goût pour les sex clubs « avant-gardistes ».

Les 22 pourcents d’électeurs qui ont déclaré aux instituts de sondages que les « valeurs morales » étaient leur principal sujet électoral – 79% ont voté Bush – correspondent exactement, à quelque chose près, à la proportion d’électeurs qui se déclarent nés-à-nouveau (qui ont découvert leur foi, ndlr) ou Chrétiens évangéliques. Ils ont parfaitement le droit à leur culture, et à leur propres médias. Et à leurs propres scandales de show-business. Le Los Angeles Times rapporte dans un article paru cet été que Paul Crouch, l’évangéliste fondateur du réseau Chrétien Trinity Broadcast Network, a fortement nié les accusations d’un ancien employé qui affirmait avoir eu une relation homosexuelle avec lui – mais pas avant d’avoir versé, en guise de règlement à l’amiable, une somme de 450 000 dollars à cet employé.

Il est dans l’intérêt du Parti Républicain de courtiser cet électorat – un vote est un vote – mais soyez certains qu’un parti lié à la taille au patronat américain, M. Murdoch inclus, ne fera rien pour freiner la culture bleue tant décriée par ses électeurs. Comme Marshall Wittman, un ancien associé de John McCain (sénateur républicain très respecté à gauche comme à droite) l’écrivait avant les élections, « La seule chose que les conservateurs religieux obtiennent sont des votes symboliques sur des textes législatifs qui n’ont aucune chance de passage, comme l’amendement interdisant le mariage gay ».

A 78%, le vote « hors valeurs » est bien plus important, et les deux partis serviront les goûts bleus de cette majorité avant tout. Leur mandat est clair : le même sondage qui situait le vote de valeurs morales à 22% a trouvé que trois fois plus d’américains souhaitent l’existence d’un statut légal pour les couples gays, que se soit sous la forme d’une union civile (35%) ou du mariage (27%). Faites le calcul, et vous trouverez que les sondages montrent que malgré les efforts du Parti Républicain pour récupérer l’électorat juif, le nombre de d’électeurs républicains juifs en 2004, bien que supérieur à celui de 2000, était toujours inférieur de 200 000 à celui des électeurs républicains gays.

Quand Robert Novak écrit après l’élection que « l’agenda sociétal conservateur, anti-gay, anti-avortement a le vent en poupe, et que le Parti Républicain ne l’abandonnera pas de sitôt, » on se demande quelle drogue il consomme. L’abandon a déjà commencé lors de la convention républicaine. Sam Brownback, le sénateur du Kansas, champion de la droite religieuse, était écarté dans un rassemblement non couvert par les médias, à l’autre bout de la ville (New York, ndlr). Le prime time fût offert aux trois stars de l’ère politique républicaine post-Bush : Rudy Giuliani, John McCain, et Arnold Schwartzenegger. Tous les trois en faveur des droits gays et opposés à l’amendement interdisant le mariage homosexuel. Seul John McCAin s’affiche comme un pro-vie (contre l’avortement, ndlr), et n’a jamais fait de la lutte contre l’avortement un cheval de bataille. Quand la star n°1 des valeurs morales, Mel Gibson, condamne l’initiative soutenue par Schwartzenegger, de mettre au référendum l’expansion et le financement des programmes de recherches sur les cellules souches en Californie, le gouverneur et les électeurs l’écrasent comme une tapette (« girlie-man, expression favorite d’Arnold Schwartzenegger, ndlr). La mesure l’a remporté avec 59%, en phase avec les sondages nationaux.

Selon le bon sens washingtonien, les électeurs aux « valeurs morales » que le Parti Démocrate doit courtiser s’il veut revenir aux affaires, sont des gens comme Cary et Tara Leslie, archétypes du vote évangélique de l’Ohio pro-Bush mis en exergue par le Washington Post après l’élection. Les Leslie ne jurent que par les valeurs morales, soutiennent un amendement interdisant le mariage gay et regardent principalement Fox news. M. Leslie a également vu ses revenus chuter de 55 000 à 35 000 dollars par an depuis 2001, ce qui le place, lui et sa famille, dans les rangs de ce qu’il appelle les « travailleurs pauvres ». Peut-être que certains démocrates trouveront le moyen de le persuader d’ici 2008 qu’il serait moralement plus important de s’inquiéter du bien-être de sa famille plutôt que de se soucier d’une famille gay qu’il n’a jamais rencontrée.



Un très bon article sur la guerre des cultures de Brad Carson, candidat malheureux au siège de sénateur de l'Oklahoma, qui donne sa vision des raisons de la défaite électorale du 2 novembre. Pour lui la guerre des cultures est réelle:

Je ne me souviens pas quand exactement j’ai réalisé que ma campagne électorale pour le siège de sénateur des Etats-Unis était compromise, mais un évènement sort du lot. C’était à Sallisaw, en Oklahoma. C’était un dimanche matin, une semaine avant le 3e anniversaire des attaques du 11 septembre, et j’avais été invité par le révérend d’une église Baptiste locale pour débattre du sujet : « Comment Jésus voterait-il ? ». Mon adversaire politique, Tom Coburn, et moi-même avions été conviés à ce qui n’était rien de moins qu’un interview devant l’assemblée du révérend. Je passerais en premier, et Tom Coburn s’exprimerait le dimanche suivant.

A notre arrivée à l’église, ma femme et moi reçûmes le bulletin de l’église qui contenait la sélection des hymnes et autres passages de la Bible. Au6 m sur 6 projetée sur un écran blanc dominait l’assemblée. Sur cette image assez dérangeante, qui se métamorphosait pour montrer les différents étapes du fœtus, défilaient des chiffres et données sur les avortements aux Etats-Unis.

verso, au dessus de l’espace réservé aux notes pieuses, on pouvait lire le titre : « wwjv (what would jesus vote, ndlr) ? pro-vie ou pro-mort ? » (J’avais voté pour l’interdiction de l’avortement de naissance partielle, mais étais opposé à l’abrogation de Roe contre Wade [loi permettant l’avortement, ndlr]) A l’intérieur de l’église, une image de fœtus de

Lors de la cérémonie du matin, le révérend m’appela sur l’estrade, et nous nous engageâmes dans une longue discussion sur l’avortement, l’homosexualité, « les juges libéraux » (peut-être traduit par « juges gauchistes », ndlr), et sur d’autres sujets à controverses. Après avoir quitté l’estrade, je rejoignait l’assemblée, et c’est alors que le révérend se lança dans une critique des « terroristes pro-choix » (pour le droit à l’avortement, ndlr), qui étaient, selon lui, plus dangereux qu’Al Queda. Certes, les terroristes du 11 septembre avaient tué des milliers de personnes, concéda-t-il, mais des millions de bébés étaient tués lors d’avortements. Ceci constitue un holocauste, continua-t-il, et nous devons tous voter justement (aux yeux de Dieu, ndlr). Voter justement ! Durant les 13 mois de campagne électorale à travers l’Oklahoma, j’ai du entendre ou voir cette phrase des milliers de fois, souvent sur les devantures d’églises […] Mais c’est seulement en ce dimanche de septembre, à Sallisaw, l’une des villes les plus démocrates de l’Oklahoma, que j’ai compris que la phrase apparemment inoffensive « Votez justement » n’était pas seulement le slogan d’une poignée d’église politisées, mais le cri de cœur (en français dans le texte, ndlr) de millions de personnes – des personnes qui pensent avec ferveur que les valeurs auxquelles elles croient le plus profondément sont assaillies et que cette assaut est toléré, voire mené, par le Parti Démocrate.

En tant que candidat malheureux au Sénat, beaucoup me demandent mon avis sur l’incapacité du Parti Démocrate à comprendre les électeurs culturellement conservateurs. On a déjà beaucoup écrit à ce sujet, et les chercheurs en écriront encore plus. Mais je peux dire ceci : la guerre des cultures est réelle, et il s’agit d’un conflit ne concernant non pas telle politique ou tel texte législatif, mais concernant la modernité en elle-même. Interdire le mariage gay ou l’avortement ne suffira pas combler le gouffre culturel qui divise cette nation. La guerre des cultures en appelle à des éléments bien plus fondamentaux : la nationalité, dans un monde globalisé, est-elle un simple fait sans plus de sens que l’hôpital où l’on naît, ou est-elle source d’identité ou même de légitimité politique ? L’individualité est-elle un choix ou est-elle prédéterminée par la famille ? Un individu est-il simplement – un tas d’atomes – ou fait-il parti d’un d’une longue chaîne qui le précède et qui lui survivra ? Les notions telles que l’honneur ou la honte, qui semblent si passées, sont-elles toujours importantes dans un monde qui ne valorise que la tolérance ? Ces questions concernent les philosophes et non les hommes politiques, et au final, c’est la défaite de la philosophie libérale (au sens américain : de gauche, ndlr) que nous avons pu voir le 2 novembre.

Pour la grande majorité des Oklahomiens – et, j’imagine, la plupart des électeurs des états rouges – ces inquiétudes culturelles transcendent les autres questions et ont plus d’importance à leurs yeux que la couverture maladie, que la question de l’augmentation du salaire minimum, ou que les subventions agricoles. Les électeurs ne sont pas trompés ou ignorants. Ils rejettent simplement l’idée selon laquelle les sujets matériels sont plus vrais que les questions d’ordre spirituel ou culturel. La gauche a toujours eu du mal à comprendre ce fait, et a toujours préféré croire que les masses sont fascinées par des fausses idées ou par Fox News ou par quelque autre fausse excuse. Mais la vérité est plus simple : la grande majorité des électeurs de l’Oklahoma – et je prends le risque de dire de la plupart des états du Sud et du Midwest – rejettent l’orientation prise par la culture Américaine, et acclament le parti politique qui promet de la changer ou de la revoir.

9.11.04

Proportionnelle

Hendrik Hertzberg du magazine New Yorker commente l'état d'esprit des démocrates au lendemain de l'élection de George Bush, et trouve des arguments pour diminuer la victoire républicaine:

Bien que les Républicains aient gagné 34 sièges au Sénat mardi dernier, un gain de 4 sièges, le nombre d'électeurs ayant voté pour les candidats républicain au Sénat s'élèvent à 37,9 millions, tandis que ceux ayant voté pour des candidats démocrates atteint 41,3 millions—à peu près la marge qu'a obtenu George Bush contre John Kerry au suffrage universel. Quand le nouveau Congrès se rassemblera en Janvier, les 55 sièges républicains représenteront 57,6 millions d'électeurs, alors que 44 démocrates et un indépendant représenteront 59,6 millions d'électeurs.


8.11.04


Osama s'invite dans la vie de tous les jours...

Vrille du Dollar

La baisse du dollar s'est poursuivie, poussée par la crainte que le second mandat de George Bush sera marqué par l'aggravement du déficit budgétaire et des comptes courants, par la détérioration de la situation géopolitique et par sa politique de "négligeance bénigne" du billet vert.

Les marchés étaient également secoués par des rumeurs selon lesquelles les dernières baisses ont été déclenchées par les banques centrales étrangères souhaitant réduire leurs expositions aux titres US. La Russie et l'Inde auraient vendu des titres, ainsi que des investisseurs du Moyen-Orient. La Chine qui possède 515 Mds USD aurait également procédé à la vente de billets verts pour acheter des devises asiatiques.

Link

Ignorance

Pour Bob Herbert, éditorialiste au NY Times, l'ignorance a autant été un facteur que les" valeurs morales" dans les résultats de l'élection. Un récente étude conduite par l'Université du Maryland a montré que près de 70% des partisans de George Bush pensent que leur gouvernement détient de "solides preuves" que Saddam Hussein travaillait de façon rapprochée avec Al Queda. Un tiers des partisans de M. Bush sont covaincus que des ADMs ont été trouvées en Irak. Une proportion équivalente croit que l'opinion mondiale soutenait en majorité l'invasion de l'Irak par les troupes de la coalition américaine.

Les Bonnes Valeurs

- Abu Ghraib est une crise morale majeure. 100,000 civils ont été tués en Irak - ça c'est une profonde crise morale qui implique les valeurs religieuses. Que ceci ne frappe pas les esprits de tant d'américains est dérangeant et difficile à comprendre.
Alan Wolfe, Directeur du Centre d'Etude Religieuse au Boston College

Quotes of the Day

- Je ne partage pas le point de vue selon lequel les valeurs familiales équivalent à retirer la couverture médicale à des enfants.
Greg Hucker, au courrier des lecteurs du Houston Chronicle, Texas

- Le Sénateur Specter représente un gros problème pour nous, et nous nous sentons très concernés.
James Dobson, fondateur du lobby chrétien conservateur Focus on the Family, à propos du sénateur républicain Specter, préssenti à la présidence du comité judiciaire du Sénat et qui a récemment mis le Président Bush en garde à propos de la nomination de juges hostiles au droit à l'avortement à la Cour Suprême.

5.11.04

Quotes Of The Day

- Si vous êtes en fin de maîtrise d'informatique et que vous considérez sérieusement quitter le pays suite aux résultats des élections, vous pouvez être intéressé par le 3e cycle de systèmes informatiques paralléles et distribués que je dirige (à Amsterdam, ndlr).
Andrew Tanenbaum ou VoteMaster, éditeur du site electoral-vote.com, l'un des plus visité de la période électorale, américain enseignant l'informatique aux Pays-Bas

- Dans une démocracie, les gens ont le gouvernement qu'ils méritent.
Winston Churchill, ancien Premier Ministre de Grande-Bretagne

- Ce qui est bien avec la démocracie c'est qu'elle offre à chaque électeur l'opportunité de faire quelque chose de stupide.
Art Spander, journaliste américain

- Je pense qu'une grande partie de l'opinion publique apprécie la musique des conservateurs. Maintenant, nous allons voir s'ils aiment les paroles.
Congressman Barney Frank, interviewé par Brookline TAB




You wish...

Gueule de Bois - Jour 3

Résultats Finaux

Présidence
Bush
: 279 GE
Kerry: 252 GE
Non attribués (Iowa) : 7 GE

Bush: 58 978 616 soit 51%
Kerry: 55 384 497 soit 48%
Nader: 394 578 soit 0%

Sénat
Républicains: 53
Démocrates: 44
Indépendent: 1
Non-Déclaré: 1

Chambre
Républicains: 231
Démocrates: 200
Indépendents: 3
Non-Déclarés: 1

Avec le renouvellement probables de 3 juges de la Cour Suprême pendant la deuxième présidence de George Bush, les 3 branches de gouvernement seront contrôlées par la droite.

La messe est dite.

Quotes of the Day

- Dieu ait son âme.
George Bush, à propos de Yasser Arafat, alors que le leader palestinien vivait toujours

- Combien d'élections faudra-t-il pour que les démocrates se rendent comptent qu'ils ne savent pas choisir leur candidat à la Maison Blanche?
Daniel Conley, observateur politique

- Une victoire qui ne couvre aucun état du Nord-est, pratiquement aucun dans le Midwest industriel, et aucun sur la Côte Ouest n'est pas une victoire nationale.
Josh Marshall, journaliste libéral

- La ré-élection de George Bush ne m'a pas mise en colère. Je pense que 4 autres années de George Bush ne feront qu'accroître et appronfondir le fossé entre les Etats-Unis et le reste du monde, en particulier l'Europe.
Nizar Ramadan, journaliste palestinien, Cisjordanie

- En Amérique, chacun semble être absorbé et évoluer dans son univers américain. Tous les autres, le reste de l'humanité, semblent vivre dans un autre monde.
Noordin Sopiee, Directeur de l'Institut de Recherches Stratégiques et Internationales, Malaisie

- Les musulmans ne sont pas acceptés au Paradis. C'est triste, mais c'est vrai. Et il faut le dire aux gens, non pas par fierté, mais par amour.
Ryan Dobson, auteur d'un livre intitulé "Soyez intolérants car certaines choses sont stupides", sur CBN (Christian Broadcast News)

- Je note tout de même qu'aujourd'hui je suis un peu moins seul que je l'étais hier.
Alain Madelin, notoirement pro-Bush, interviewé par Le Monde

-
Personnellement, je pense que nous avons fait une gigantesque erreur de ne pas les laisser partir quand nous en avions la possibilité en 1862.
- C.B. Shapiro, à propos des états du Sud et de la guerre de Sécession, sur Boingboing.net



2.11.04

Une Première Excuse

En d'autres termes, un haut fonctionnaire de l'ONU a peut-être tenté de jouer sur les résultats des élections américaines en diffusant de fausses informations. Et un important quotidien national s'est laissé être manipulé en oeuvrant pour cet objectif.
Editorial du Washington Times, quotidien néoconservateur, sur la disparition des 380 tonnes d'explosifs irakiens à Al Quaqaa, et sur le fait que l'histoire a fait la une du New York Times quelques jours avant les élections.


JOUR J/D DAY

Le grand jour est arrivé. Les bureaux de votes ont déjà ouvert sur la côte est. Voici un aperçu du déroulement des élections dans notre zone horaire:

Minuit
18h00 Eastern Time (côte nord-est). Les bureaux de votes vont commencer à fermer dans Vermont, Georgie, Kentucky, Indiana, Caroline du Sud, et Virginie. Ces cinq derniers états devraient revenir à George Bush. Le Vermont devrait tomber dans le camp Kerry.

1h30 du matin
Les bureaux de votes de l'Ohio et de la Virginie Occidentale ferment. On entre dans le coeur du sujet, car l'Ohio est un état pivot important (20 Grands Electeurs) que les deux camps ont âprement courtisé. John Kerry s'y est rendu à 30 reprises pendant la campagne. George Bush près de 20 fois. Rappelons que jamais un président Républicain n'a été élu sans cet état (excepté une fois), c'est dire si le résultats des sondages de sortie des urnes vont être immédiatement interprétés par les deux camps. La Virginie Occidentale devrait choisir George Bush.

Annecdote sur l'Ohio: deux décisions tribunaux interdisant au Parti Républicain de placer des observateurs dans les bureaux de votes pour contester les inscriptions de certains électeurs a été invalidée par une cour d'appel fédérale. Du "chahut" en perspective.

2h00 du matin
C'est au tour des bureaux de votes de l'Alabama, Tennessee, Kansas, Mississipi, Missouri et Oklahoma de fermer. Des états qui devraient rejoindre le camp Bush. Les urnes ferment également dans le Maine, Maryland, Massachusetts et New Jersey. Probablement en faveur de Kerry.

La grosse patate de la soirée: la Floride ferme les urnes. Celui qui la remporte laisse échapper un grand "OUF!"

2h30 du matin
L'Arkansas et la Caroline du Nord ferment leurs bureaux de votes. Ils devraient aller George Bush.

3h00 du matin
Moment crucial de la soirée.
Fin des élections en Louisiane, Nebraska, Dakota du Sud, Texas et Wyoming. Tous iront à Bush. New York ferme ses bureaux de votes également. Normalement pour choisir Kerry.

Une inconnue majeure pendra fin: le Minnesota et le Michigan désigneront leur camp. Deux états pivots (surtout Minnesota) dont a absolument besoin Kerry. Les bureaux en Arizona suivent et ferment leurs portes.

Egalement important, dépendemment des résultats de l'Ohio et de la Floride: le Colorado, le New Mexico, et le Wisconsin mettent fin au vote chez eux. Tous trois états pivots, en particulier les deux dernier.

A ce moment, nous aurons une idée plus ou moins précise du vainqueur (sauf contestation légale majeure).

4h00 du matin
Le Montana et l'Utah ferment leurs bureaux de votes. Ils vont très probablement à Bush.

Etats pivots, l'Iowa et le Nevada n'acceptent plus les votes.

5h00 du matin
Nous devrions tous connaître le nom du vainqueur probable.
La Californie ferme ses bureaux de vote, ainsi que l'Oregon, le Washington, l'Idaho, et le Dakota du Nord. Les 3 premiers devraient rejoindre le camp Kerry. Les deux autres le camp Bush.

Plus tard, Hawaii ferment les urnes. Normalement démocrate, l'état est devenu pivot dans les derniers jours de la campagne.

6h00 du matin
Le dernier des états à voter, l'Alaska ferme ses bureaux de vote. L'état devrait choisir le camp républicain.
A moins d'un scénario suspens qui ferait manquer plus de 3 GE à George Bush, le vainqueur devrait déjà être en train de fêter sa victoire.

Et nous de nous coucher.


Derniers Pronostiques
Electoral Vote Predictor:
Kerry 306 Bush 218
Unfutz: Kerry 279 Bush 258
Andrea Moro:
- sur base données 2004k: Probabilité Kerry 43% Bush 54,1%
- sur base données RCP: Probabilité Kerry 33% Bush 65,4%


The Economist Pour Kerry
Vendredi dernier, l'hebdomadaire anglais, dont la circulation aux Etats-Unis atteint les 450 000 copies, a pris position en faveur du candidat Kerry après avoir soutenu George Bush en 2000. Extraits:

Le 2 novembre, les américains devront faire un choix, comme devra le faire The Economist. Ce choix sera de loin une décision difficile, surtout dans un environnement international volatile et dangereux. Mais au final, nous penchons instinctivement pour le changement plutôt que pour la continuité: M. Kerry, pas M. Bush.
(...)
Notre décision ne peut être dissociée du souvenir terrifiant du 11 septembre, et ne peut pas débuter sans une évaluation de la façon dont M. Bush et son administration réagirent ce jour là. Car l'action du Président depuis trois ans a été à la fois digne d'admiration et dérangeante.
(...)
La façon dont M. Bush choisit de réagir à la nouvelle donne mondiale, dans laquelle lui et l'Amérique furent propulsés, fût louable. Il perçut très bien le périmètre du problème. Son offensive militaire en Afghanistan fût une action résolue, mesurée, et lucide sur la durée de la lutte contre Ossama ben Laden et sur le caractère élusif de la victoire... Des erreurs furent commises, ...mais dans son ensemble cette mission a atteint de nombreux objectifs: le régime Taliban renversé, les bases et les camps d'Al Queda détruits, l'organisation d'élections en Afghanistan, qui constitue un espoir prudent dans la capacité du gouvernement central à amener stabilité et prospérité.
(...)
La plus grande erreur, cependant, celle qui hantera les Etats-Unis pour les années à venir, reste le traitement des prisonniers de guerre dont des centaines fûrent internées sur la base de Guantanamo, à Cuba, dans un noman's land juridique, et en dehors du système légal américain.
(...)
Si M. Bush avait obtenu des résultats au Moyen Orient, ce problème aurait pu être neutralisé. Mais cela n'a pas été le cas.
(...)
M. Bush a constamment refusé d'admettre toute faute: même après le scandale d'Abou Graïb, alors qu'il avait l'occasion de se séparer de Donald Rumsfeld, son Secrétaire de la Défense, et de repartir sur de meilleures bases, il choisit de ne rien en faire.
(...)
Comme tout challenger, M. Kerry a définit beaucoup de ses positions en opposition à celle du président en place.(...) Ce qui est déconcertant, cependant, réside dans la façon dont ces positions ont varié, même quand les éléments sur la base desquels elles étaient construites restaient inchangés. Les changements d'avis, même lors d'une élection, sont un signe inquiétant.
Cependant, sur les questions nationales, en particulier la crise économique, M. Kerry constitue un choix acceptable. Ses résultats politiques et ses instincts sont ceux d'un conservateur en matière fiscal; ce qui laisse entendre qu'il considèrera, avec raison, les déficits budgétaires futurs comme dangereux.
(...)
Les plus grandes interrogations concernent la politique étrangère, en particulier les questions liées au Moyen-Orient.
(...)
Finalement, le choix doit se faire sur l'analyse de qui, des deux candidats, est le plus capable de gérer les défis que l'Amérique devra affronter dans les quatre années à venir.
(...)
Notre confiance en M. Bush a été brisée. Nous partageons sa vision, mais nous nourrissons de sérieux doutes quant à sa capacité à changer ou son niveau de crédibilité pour atteindre ses objectifs, en particulier vis-à-vis du monde islamique.
(...)
M. Bush a souvent insisté sur la nécessité de faire face à ses responsabilités. Il s'en est toujours exempté. Ainsi, les électeurs doivent, selon nous, la lui imposer, si une alternative acceptable est disponible. John Kerry, malgré nos doutes, devrait pouvoir continuer le grand projet américain.